Une semence, d’origine portugaise, plantée par une journée de janvier 1977 dans le nord du Portugal et voilà que 9 mois plus tard, le fruit vit le jour sur le sol luxembourgeois. Nous sommes des milliers à avoir vu le jour sous ces conditions plus ou moins similaires.
Nos parents, voulant trouver de meilleures conditions de vie dans les année 70, immigrèrent au Luxembourg, pour la plupart, sous des conditions difficiles. Le parcours fut long, semé d’embuches et parfois même au péril de leur vie. Et pourtant, leur instinct les conduit au Luxembourg, terre d’accueil, où la main d’oeuvre faisait défaut.
S’installa alors une sorte de compromis : Le Luxembourg a besoin de vous pour se reconstruire et vous avez besoin du Luxembourg pour avoir une vie meilleure. Nos parents trouvèrent au Luxembourg une terre qui leur tendait la main. Certes, le travail proposé était pour la plupart dans la construction civile et la classe ouvrière, mais les perspectives d’avenir étaient bien meilleures qu’au Portugal de l’époque.
En tant que fils de cette génération de Portugais, non seulement on m’a transmis ce sentiment si particulier de fierté nationale envers le Portugal, mais également l’amour envers la terre où je suis née, le Luxembourg. Je ne peux m’empêcher d’être heurté lorsqu’on insulte le Portugal ou les Portugais, mais je le suis tout autant lorsqu’on insulte le Luxembourg ou les Luxembourgeois. J’ai grandi en étant partagé entre le lien du sang envers mes origines portugaises et le lien de la terre envers le Luxembourg.
Ces derniers jours m’ont particulièrement touché, car, comme vous le savez, Marcelo Rebelo de Sousa, Président de la République du Portugal, est en visite au Luxembourg. Ce n’est pas sa visite qui m’a touché, mais bien ce beau cadeau que le Gouvernement du Luxembourg a fait, représenté par cette image
Cette image est pour moi la preuve que tout est possible. Qu’il est possible de grandir main dans la main tout en acceptant la différence de l’autre.
Nombreux sont ceux de ma génération qui doivent se sentir comme moi : ni tout à fait Luxembourgeois, ni complètement Portugais. Mais qu’importe puisque ces deux nations ont su grandir ensemble sur le même sol et continue aujourd’hui à écrire de belles histoires. Bien sûr, tout n’est pas rose, mais dans le contexte mondial que nous connaissons aujourd’hui, nous devons nous estimer heureux de pouvoir vivre les uns à côté des autres sans peurs ni craintes.
Pour toutes ces raisons, je suis fier du choix de mes parents, fier de mes origines, fier de mes deux pays et d’avoir cette double nationalité qui m’est si chère. Même si parfois ce slogan me paraît un peu conservateur: Mir wëlle bleiwe wat mir sinn (nous voulons rester ce que nous sommes), je me permets de le sortir de son contexte et je trouve qu’il n’a jamais été aussi juste concernant cette génération qui est la mienne.