Alors que l’Europe vit une crise identitaire, j’apprends ce matin, à peine arrivé à New York, que le peuple anglais a voté pour le Brexit.
Je n’ai pu m’empêcher de penser alors aux rencontres que j’ai pu faire, en moins de 24 heures, pendant mon voyage. Arrivé à Bruxelles, j’ai d’abord pris l’avion pour Reykjavik en Islande. À peine installé dans l’avion, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire lorsque j’au vu qui était assise sur ma gauche.
Une petite Islandaise, bravant fièrement sont maillot de l’équipe nationale de football. Ayant la nationalité portugaise, je n’ai pu m’empêcher de ressentir un soupçon de provocation puisque l’équipe du Portugal a joué match nul face à l’Islande pendant l’Euro 2016 toujours en cours. Je n’ai donc pas résister à lui montrer mon passeport portugais ! D’abord surprise, elle m’a ensuite lancé un sourire plein de fierté et de gentillesse, contente de rencontrer un Portugais.
À ma droite une jeune femme également, Katie, originaire de Boston, venait de passer un mois en Europe où elle a rejoint des amis en France. Infirmière, elle s’occupe principalement d’enfants. Elle me confiait qu’en arrivant à Reykjavik elle devait encore attendre 19 heures avant son vol pour Boston…galère.
Arrivés à Reykjavik, nous nous sommes souhaités un bon voyage et je me suis dirigé vers la porte d’embarquement pour New York. Devant attendre au moins une heure et demi, je m’assoie par terre, au milieu de plein d’autres personne qui attendaient. L’aéroport de Reykjavik n’as pas vraiment pensé à mettre des bancs aux portes d’embarquement… Au bout de 10 minutes, une dame âgée, assise sur une chaise roulante, m’interpelle me demandant si j’avais eu mal au bras ? Elle faisait allusion à mon tatouage et je lui ai gentiment répondu que oui mais que je n’avais pas le droit de me plaindre puisque je l’ai voulu 🙂 Cette dame est de Brooklyn et nous avons discuté de la manière la plus naturelle qui soit. Elle me montrait des photos de ses petits enfants et moi de mes enfants. Championne de Scrabble, cette dame, Ida, voyage autour du globe pour participer à de grands tournois de Scrabble. Elle m’a donné sa carte et m’a même invité à passer chez elle si jamais j’étais dans le coin…un geste touchant. Les hôtesses sont venues la chercher bien avant tout le monde et nous nous sommes quittés en nous souhaitant un très bon voyage.
Quelques minutes plus tard alors que nous nous tassions devant la porte d’embarquement, un monsieur, perdu au milieu de la foule, s’est trompé de porte et j’essayai tant bien que mal de lui expliquer que sa porte était la 28 et non la 26. Une jeune fille est venu m’aider à expliquer à ce monsieur où était sa porte. Nous en rigolions et je fis la connaissance de Jessie du Colorado. Elle aussi venait de passer 3 semaines en Europe et plus précisément chez sa soeur en Suisse. Très vite nous avons échangé pas mal de sujets sur les langues parlées, les habitudes américaines et européennes et tout cela toujours sans méfiance et simplement en appréciant ce moment de discussion. Avant de monter dans l’avion nous nous sommes souhaités bon voyage et avons cherché nos places respectives.
En l’espace d’à peine 3 heures, la vie m’a offert 3 belles rencontres humaines dans le seul but d’avoir cet échange simple et amical. D’échanger nos expériences sur des voyages et sur un tas d’autres futilités.
À peine assis dans l’avion, que le truc le plus incroyable sur cette planète se produisit. La personne qui s’assoie à côté de moi porte le maillot de l’équipe nationale portugaise. En toute logique, j’ai commencé par lui dire bonjour en portugais, bom dia, mais j’ai très vite compris qu’il ne comprenait aucun mot portugais sortant de ma bouche. Andrew est un américain, fan de Cristiano Ronaldo, (si si à priori ça existe) et il venait de passer 2 mois en Europe. Il a même assisté à plusieurs matchs de l’Euro 2016. Nous avons donc passé les 5 heures de vols à discuter de tout et de rien sur nos vies, nos passions, nos familles…Un garçon super sympa, futur avocat et qui allait à New York pour une correspondance vers la Floride où il habitait.
Arrivé à New York, je lui ai souhaité beaucoup de courage pour ces études et il m’a, lui aussi, invité à venir en Floride un jour car il m’avait beaucoup apprécié.
Une fois les bagages récupérés, je suis sorti de l’aéroport pour prendre un taxis. Le chauffeur, Mohamed, était du Bangladesh, et lui aussi, d’une grande gentillesse. Fan de football, nous n’avons pas tardé à trouver des sujets de discussion autour de l’Euro 2106 pendant les 45 minutes de trajet jusqu’à Wall Street. Il me déposa devant l’hotel et ce fut un plaisir d’avoir fait ce trajet avec lui.
Arrivé en soirée, je n’ai pas fait long feu, et avec 6 heures de décalage, je suis allé me couché direct pour commencer à photographier de bonheur le lendemain.
La première journée a démarré sous les nuages et c’est à côté du pont de Brooklyn qu’un policier new-yorkais est venu à ma rencontre. Fan de photographie, Elisio avait repéré mon matériel et nous avons discuté 20 minutes autour du sujet. Lui expliquant pourquoi j’étais à New York, il a voulu ma carte de visite et il m’a promis de m’écrire afin de m’envoyer une liste d’endroits intéressants à photographier à New York. Un geste qui me laissa sans voix et je l’ai remercier du fond du coeur.
Sur le chemin du retour vers l’hotel, regardant la carte de New York sur mon smartphone, j’ai failli bousculer…un moine du Tibet ! Il m’a pris la main et enroula mon poignet d’un bracelet en bois avec des inscriptions. Me donna une carte dorée porte bonheur et, toujours en me tenant la main, il fit une prière. Pris au dépourvu, je n’ai pas vraiment su comment réagir et je pensais – honte à moi – qu’il allait me demander de l’argent après la prière. Pas du tout! Il ma simplement demander d’inscrire mon nom dans son bouquin et de mentionner le souhait que j’avais pour lui. Je me suis exécuté et voyant qu’il ne voulait rien contre en contrepartie, je lui ai proposé de lui offrir quelque chose à manger. Il accepta et nous avons partagé une tortilla de légumes.
Après une longue première journée de photoshooting, je me suis assis au bar de l’hotel où j’ai fait la connaissance de Vlad, le barman, Margot, sa fiancée et Ilya un de leurs amis. Vlad et Margot, deux ukrainiens, tentent leur chance à New York depuis 1 an et on fait la connaissance de Ilya, originaire de Stalingrad en Russie. Nous avons passé la soirée à discuter de tout: La vie, les rêves, nos expériences, la photographie…bref un vrai plaisir de discuter avec de nouvelles personnes sans méfiance ni préjugés…
Tout cela pour vous dire quoi?
En l’espace de 48 heures, la vie m’a montré qu’avant même de nous cloitrer dans des sociétés distinctes et séparées par des frontières territoriales et économiques, nous sommes avant tout des citoyens du monde. Cette histoire de Brexit m’a soudain paru tellement insignifiante. L’Europe est face à un changement: celui d’écouter les peuples. Aujourd’hui l’Europe est devenu quelques chose de tellement abstrait avec laquelle peu de peuples s’identifient. J’ai le sentiment que personne ne veut plus appartenir à un « club » mais juste être une nation libre de ces choix démocratiques et à qui on laisse la parole. Les britanniques l’ont bien fait comprendre…
Tous ceux que j’ai pu rencontrer dans ces dernières 48 heures étaient fiers d’être ce qu’il sont et d’appartenir à une nation. Et ce n’est pas pour autant qu’ils sont moins tolérants ou xénophobes…Au contraire, ils aiment échanger, écouter et partager ce qu’ils sont avec d’autres. Pour ces raisons, j’arrive à une conclusion qui m’a surpris, puisque jamais je n’avais pensé aussi loin: A-t-on réellement besoin d’une Europe? Ne peux-t-on pas juste vivre avec des accords entre pays sans pour autant créer un « club » appelé « Europe » ? Ce « club » a su maintenir la paix sur le continent européen et il doit être fier pour cela. Mais ces dernières années, on nous vent une « Europe » comme si ce serait une nation. Or, cela n’en est pas une, pas tant que les pays membres de ce « club » ne seront pas plus solidaires les uns envers les autres. Les « européens » sont par définition des orphelins d’une « Europe » qui n’existe pas. Alors que leur nation, de qui ils ont hérité une nationalité, existe belle est bien. Il s’agit d’une sentiment d’appartenance fort et qui à bien plus de valeur…cela n’engage que moi, mais je pense que beaucoup d’habitants du continent européen doivent ressentir la même chose.
Le continent européen sera fort si chaque nation qui le compose collaborent ensemble à la paix, la tolérance et au développement tout en gardant leur fierté nationale. « L’Europe », quant à elle, soit elle évolue, soit elle est vouée à rester un « club » de privilégiés que les peuples rejetteront l’un après les autres…
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